Œuvres architecturales de Jean-Pierre GARREAU à Remouillé







Jean-Pierre Garreau (1801-1896) était un architecte, entrepreneur, urbaniste, qui a réussi à s’élever parmi les bourgeois, lui qui n’était que maçon. Il a laissé une trace indélébile de son passage dans le bourg, grâce à ses réalisations architecturales, ce qui fait de lui une figure locale notable.
Pendant la première moitié du XIXe siècle, il contribue à la transformation de Nantes, ville alors en pleine restructuration urbanistique et architecturale. Il participe à la construction de ponts, d’hôtels particuliers, de quartiers jusqu’à être l’entrepreneur de la cathédrale de Nantes de 1839 à 1855. Il s’installe ensuite à Remouillé, où il est maire de 1853 à 1865.
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter son article biographique, disponible sur Nantes Patrimonia : patrimonia.nantes.fr.
Assainissement, canalisations et souterrains
Jean-Pierre Garreau entreprend de moderniser la ville de Remouillé et de la rendre plus accessible. Décrit dans de nombreuses lettres du XIXe siècle comme soucieux du bien-être de ses concitoyens, il engage de nombreux travaux pour transformer l’organisation urbaine de la commune. Il améliore notamment le réseau de circulation : les chemins, autrefois étroits et difficilement praticables, sont élargis et réaménagés pour faciliter les déplacements.
L’un des chantiers majeurs de Jean-Pierre Garreau concerne l’assainissement de la ville. Profondément marqué par les odeurs nauséabondes dues aux égouts à ciel ouvert, il décide de créer un réseau de canalisations efficace. Il puise son inspiration dans un voyage en Égypte, où il découvre des techniques d’évacuation des eaux usées particulièrement avancées.
Le système qu’il met en place à Remouillé existe toujours aujourd’hui, bien qu’aucune cartographie nous permet de savoir son étendue.
Cet exemple illustre parfaitement comment ses voyages ont nourri ses projets.

Le manoir du Champ-du-Pont

Jean-Pierre Garreau construit le manoir du Champ-du-Pont en 1860, où il réside jusqu’à la fin de sa vie. Il a placé son manoir stratégiquement, de façon à apercevoir sa chapelle-tombeau, tout en étant près de la Maine où il a un accès direct.
De style néoclassique, il a personnalisé sa demeure en ajoutant « un livre ouvert » en marbre, au-dessus de sa porte d’entrée. Dessus, il est gravé ce qui suit :
Sur la feuille de gauche : « Livre pour souvenir de Jean-Pierre Garreau, et de ses deux fils, Henri et Louis, pour savoir sa pensée, tournez la feuille si vous le pouvez. Pour la voir, regardez autour de vous, cela suffira. »
Sur la feuille de droite : « Livre pour souvenir de Marie-Michelle Maillet et de ses deux filles, Henriette et Louise, inutile de tourner la feuille. Elle est connue des siens et de ses amis ».
Suite au décès de son épouse, Marie-Michelle Maillet (1809 – 1898), le manoir a été vendu selon ses volontés, évoquées dans son testament. Elle souhaitait que l’argent découlant des ventes de ses biens mobiliers et immobiliers, servent à entretenir la chapelle-tombeau.
Le manoir a été habité par des religieuses, avant d’appartenir de nouveau à des particuliers, dans les années 1930.
Le lavoir-débarcadère
« Le lavoir s’aperçoit de loin sur les bords de la Maine. On y accède par les prés. C’est une construction fort confortable, avec tous les accessoires de nature à en augmenter la commodité pour les habitants. L’accès en est public et nous avons à peine besoin de dire combien cette installation réservée d’ordinaire aux seules grandes villes, est appréciée de la population. » Garreau, Jean-Pierre, Simple notice sur les monuments édifiés à Remouillé, Librairie Forest, Nantes, 1887 (P.66).


À l’origine un lavoir, il a ensuite été considéré comme un « petit port » par les locaux.
De nombreuses cartes postales du XXe siècle en témoignent.
Aujourd’hui, l’ensemble du lavoir a disparu, laissant seulement un encadrement de porte, avec une grille et un rebord, qui a servi de débarcadère.
Cet ensemble a été restauré, et aménagé en base de loisirs « Les Rives Garreau » en 2025.
Le musée de mannequins
Il a créé le musée de mannequins situé face à son manoir, à l’angle du chemin de la Tour. Il permettait aux visiteurs d’observer des scènes de vie quotidienne et des costumes d’autres civilisations, réinterprétées grâce à des mannequins de cire. Il semblerait que cela soit « le meilleur costumier nantais qui a composé ces personnages » Garreau, Jean-Pierre, Simple notice sur les monuments édifiés à Remouillé, Librairie Forest, Nantes, 1887 (P.68).
Aujourd’hui, ce bâtiment est une habitation privée.
Le musée-bibliothèque

Jean-Pierre Garreau est l’illustration typique d’un bourgeois du XIXe siècle, puisqu’il s’adonne à des loisirs réservés aux personnes aisées : le voyage et le collectionnisme. Il place dans le musée-bibliothèque plus de 1500 objets très hétéroclites, pouvant aller d’objets de la vie quotidienne, à des objets de valeurs, ramené de ses voyages.
Cette façade s’approche du style néoclassique, avec deux colonnes en marbre, caractéristiques de son architecture. Mais elle est aussi inspirée de l’architecture rurale avec l’utilisation de terre cuite pour le balcon.
Les cinq pièces d’exposition principales se trouvaient au sous-sol. Elles se succèdaient sans thème précis, tout en rassemblant les objets sans hiérarchie définie.
On y trouvait principalement des gravures, des tableaux de personnages historiques importants, des paysages de pays visités, des plans ou encore une multitude de petits objets allant des pièces anciennes aux terres cuites ou des petits fossiles…
Jean-Pierre Garreau décrit son musée comme n’étant pas un musée dédié aux savants, mais devant servir de moyen d’instruction pour les remouilléens.
Les curiosités et les objets d’art exposés, peuvent ainsi leur apporter le nécessaire pour s’élever dans la société, comme il a pu le faire lui-même.
Ce musée-bibliothèque ainsi que ses objets vont rester dans la famille Garreau, jusqu’à la dernière de la lignée, Marie Hilléreau (1850 – 1922) la petite-fille de Jean-Pierre Garreau habitant à l’Abbaye, dans la commune de La Planche. À son décès, elle lègue tout à sa « loyale et dévouée » domestique, Victorine Vinet (1873-1949)
Elle hérite de nombreux immeubles, représentant une charge conséquente. Par conséquent, elle vend le musée-biliothèque, qui est toujours une propriété privée aujourd’hui.
Le calvaire
Jean-Pierre Garreau était très pieux, et cela transparaît dans plusieurs de ses réalisations. Un de ses travaux les plus représentatifs est bien celui qu’il mène, en tant qu’entrepreneur de la cathédrale de Nantes entre 1838 et 1855, puisqu’il s’inspire de plusieurs cathédrales d’Europe afin d’être le plus professionnel possible. Il visite la cathédrale de Cologne en Allemagne, la cathédrale Saint-Paul en Angleterre ou encore la basilique Saint-Pierre à Rome. Mais sa foi religieuse se manifeste aussi ici, à Remouillé, à travers l’édification de la chapelle Garreau et le calvaire, érigé juste en face de son musée-bibliothèque.
Le calvaire, dans sa version d’origine, était un monument imposant : il dominait tout le paysage environnant, situé sur l’un des points les plus élevés du canton. Malheureusement, il a été réduit des deux tiers au début du XXe siècle, perdant ainsi une partie de sa grandeur. Il n’en reste pas moins un témoignage fort du passage de Jean-Pierre Garreau dans la commune.

La chapelle Garreau
La chapelle Garreau est un symbole fort de Remouillé, de par son architecture et son histoire.
Jean-Pierre Garreau acquit tout d’abord le terrain nécessaire à sa construction en 1858, à côté de l’église Saint-Pierre, qu’il a agrandi en 1866. Il construit sa chapelle-tombeau de 1859 à 1862, avec l’aide de son gendre, l’architecte Eugène Hilléreau (1818 – 1868). Cet édifice est un condensé de la vie de Jean-Pierre Garreau de par son style architectural, ses différentes vocations et les objets qu’elle renferme.
En effet, on ne peut pas définir son style architectural précisément : on trouve des éléments du style roman avec les contreforts, du style gothique avec l’encadrement des vitraux, ainsi que des inspirations orientales venant de ses voyages, avec notamment la coupole.
C’est un lieu qui a trois niveaux, portant trois vocations différentes.
Tout d’abord, le rez-de-chaussée est destiné au culte, où des messes ont lieu jusqu’au début du XXe siècle. C’est dans cette pièce qu’était placé le chemin de croix en nacre ramené de Jérusalem en 1860, aujourd’hui classé aux Monuments Historiques à titre d’objet. De même, deux reliquaires contenant des reliques de Rome, et Jérusalem prennent place de part et d’autre de l’autel.
Une tribune donnant sur la pièce est accessible, surplomber d’une rosace, composée des saints corrrespondant à chaque membre de la famille Garreau.




L’étage de la chapelle est quant à lui destiné au repos et à la réflexion. D’un côté, l’on trouve le musée de la chapelle sous les combles, où Jean-Pierre Garreau entreposait différentes peintures ou objets de ses voyages. Puis, de l’autre côté, sous la coupole, il entreposait des objets plus personnels, relevant de son enfance ou de son mariage.
Enfin, le lieu central de son édifice est sa crypte, où l’on retrouve le caveau familial de la famille Garreau.
Tout comme le musée-bibliothèque, c’est Victorine Vinet qui a reçu la chapelle-tombeau en héritage au décès de Marie Hilléreau en 1922. Sa famille s’en occupa, et son neveu en fit don à la mairie sous les demandes de Victorine Vinet, peu avant son décès en 1949.
Tout au long du XXe siècle, la chapelle a subi de fortes dégradations et de nombreux pillages.
Malgré des travaux de consolidation dans les années 2000, l’édifice était en péril.
C’est pour cela qu’en 2024, des fonds pour financer des travaux de rénovation ont pu être trouvés, renforcés par une subvention de la région de 100 000 euros, et à l’ouverture d’une collecte de 40 000 euros de la Fondation du Patrimoine
Les travaux ont commencé en février 2025, et devraient être terminés fin décembre de la même année. Ils concernent uniquement l’extérieur de la chapelle pour le moment, le but étant d’entreprendre l’intérieur par la suite, quand un projet d’aménagement sera décidé.
Sources :
Garreau, Jean-Pierre, Simple notice sur les monuments édifiés à Remouillé, Librairie Forest, Nantes, 1887
Archives Municipales de Remouillé
Archives privées
Crédits photographiques : © Mairie de Remouillé
Page actualisée le 29/08/2025

